VẠN AN PHÁI France - Kung Fu vietnamien

Ecole d'art martial vietnamien : Kung Fu et self-defense || Khí Công et méditation

De l’utilité des quyền (enchaînements codifiés)

La question de l’utilité des quyền (taolu, kata, poomse, formes…) se pose lorsque l’on observe que de redoutables combattants (de rue, des rings ou des tatami) ainsi que des arts réputés (Yi Quan, les diverses boxes…) les ignorent ou les délaissent.

Dès lors pourquoi investir autant de temps et d’efforts dans un exercice non indispensable à l’efficacité en combat ?

C’est sans doute que les quyền contiennent plus qu’ils ne laissent apparaître au premier coup d’œil. Et c’est dans cette difficulté à les décrypter qu’il faut chercher la cause du rejet ou du mépris dont ils font parfois l’objet. A mon avis ils constituent un moyen de formation et de renforcement du corps ainsi qu’un outil très efficace pour la préparation au combat.

Renforcement et formation du corps

 Les quyền, pour qui débute dans la pratique martiale, sont un exercice qui permet d’améliorer sa condition physique.

Ils font travailler entre autres la souplesse, le tonus musculaire, la résistance. Au fil de la progression ils favorisent aussi la capacité de relâchement pendant l’effort. Bien que ces résultats n’aient rien de spécifique à la pratique des quyền, ils diffèrent de ceux obtenus par une quelconque méthode de préparation physique. En effet ils participent d’une formation du corps de l’adepte d’art martial. Cette forme de corps sera unique à chaque style ou école. Il ne s’agit pas seulement d’observer que la pratique intensive de l’enchaînement du Taiji Quan forge le corps différemment de ce que produit l’entraînement régulier aux kata de Karate. L’essentiel à mes yeux est de se rendre compte que par le biais des quyền un pratiquant s’initie progressivement à la logique corporelle qui sous-tend son style. Au fur et à mesure qu’il se « coulera » dans le moule des formes, il utilisera son corps conformément aux canons de l’école. Plus concrètement lorsqu’un adepte du Baji Quan et un adepte du Vovinam donnent un coup de coude, leurs mouvements même s’ils semblent identiques diffèrent complètement quant à la façon de générer la force.

De plus les quyền imprègnent le pratiquant des saveurs de son style. C’est à dire qu’ils lui enseignent une certaine façon de ressentir son corps. Cet ensemble de sensations guidera l’adepte quant à son relâchement, la qualité de son déplacement, sa stabilité… Or c’est notamment sur ces sensations que se construira le combat.


Préparation au combat

Par ailleurs à la fonction de formation corporelle, les quyền constituent un moyen très efficace de se préparer au combat. Cependant pour pouvoir les utiliser en tant que tel il faut arriver à déchiffrer le sens dont ils sont porteurs. Pour ce faire il ne faut pas les considérer comme une suite de techniques isolées les unes des autres comme c’est souvent le cas. Les quyền sont plutôt constitués autour de séquences qui regroupent à chaque fois quelques techniques. Ces séquences sont des enchaînements très efficaces à l’issue souvent définitive. Exemple : saisie de la jambe sur coup de pied / frappe sur la jambe saisie / frappe au visage / et conclusion par une projection. Ce type de séquence est dissimulé au sein des quyền par des inversions dans l’ordre des mouvements, des modifications dans la hauteur des techniques, des omissions etc… D’où la difficulté de les retrouver et l’impression d’irréalisme qui se dégage de certains quyền. Si on exhume ces séquences et qu’on les valide par le test du combat on dispose alors de formes bien plus riches et utiles martialement parlant.

Parallèlement à ces techniques efficaces, les formes recèlent aussi des indications sur la stratégie à adopter durant l’affrontement : où et comment saisir l’adversaire, comment détourner son attention, comment se déplacer pour se retrouver sur son flanc ou dans son dos…

A tout cela il faut ajouter le fait que la pratique des quyên permet un apprentissage des rythmes du combat. Qu’il s’agisse des rythmes de réalisation des techniques (intégration de la vitesse du mouvement, de la génération de la force, du placement du corps et du déplacement), des rythmes de déplacement, des rythmes d’attaque ou de défense. Néanmoins on pourra me rétorquer que tout ce que contiennent les quyên se retrouve dans d’autres formes de travail. Je le reconnais bien volontiers mais les quyên ont, il me semble, l’immense avantage que dans le domaine qui nous concerne, le tout soit supérieur à la somme de ses parties. C’est à dire que pratiquer un quyên, un tao ou un kata permet de travailler dans le même temps tout les points abordés jusqu’ici et de les intégrer en un ensemble où chaque composante renforce et améliore les autres.

 

Au total les quyền , tao et autres kata m’apparaissent donc comme de formidables outils pour l’adepte martial car ils lui permettent de travailler de façon globale les divers aspects de son art.

Cependant cela n’est vrai que lorsque :

1°) les quyền étudiés ont une qualité suffisante,

2°) ceux-ci sont analysés à un niveau suffisamment profond. Ceci nous impose d’avoir un œil critique sur les formes qu’on nous enseigne et de chercher par nous-mêmes le sens des mouvements.

Un autre point important que je ne ferai que soulever est que les formes me semblent être des aides dont on doit se détacher à mesure que l’on progresse (pour s’en libérer totalement à la fin ?) et que l’on doit donc être capable, à un certain niveau, de délaisser certains quyền au profit d’autres plus riches qui contiennent les potentialités des premiers.

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